Ce soir encore, comme bien d’autres, Jeanne s’installe face à l’écran, prête à s’immerger pendant de longues heures dans l’univers d’une série palpitante. Un épisode après l’autre, les heures s’effacent, le monde réel s’efface avec elles. Pourquoi cette envie irrépressible de consommer les séries en continu ? La question trouve une résonance toute particulière en 2025, à l’heure où plateformes comme Netflix, Amazon Prime Video, Disney+ et Canal+ Séries ne cessent de faire monter la tentation du marathon télévisuel. Plus qu’un simple loisir, le binge-watching semble tisser un lien intime avec nos émotions, psychologies et modes de vie.
Au croisement des besoins affectifs, de la technologie et des nouvelles dynamiques culturelles, cette pratique interroge autant qu’elle fascine. Quel besoin profond pousse à s’abandonner dans ces heures répétées devant l’écran, au point parfois d’en oublier l’épaisseur du temps ? Pourrions-nous mieux comprendre ce vertige collectif en explorant non seulement ce que cela nous apporte, mais aussi ce que cela peut révéler de nos fragilités et de nos désirs inavoués ?
Binge-watching sous la loupe psychologique : quels traits de personnalité favorisent ce phénomène ?
Observer le binge-watching sous l’angle des sciences comportementales, c’est s’embarquer dans un voyage au cœur des profils humains qui s’adonnent plus particulièrement à cette pratique. Une étude récente publiée dans la revue Acta Psychologica a tenté de percer ce mystère en se basant sur le célèbre modèle des « Big Five » — un socle incontournable en psychologie de la personnalité qui découpe notre caractère en cinq grands traits : stabilité émotionnelle, ouverture à l’expérience, conscienciosité, extraversion et agréabilité. À cela, les chercheurs ont judicieusement ajouté le « besoin de cognition », cette soif d’engagement intellectuel qui fait réfléchir plus que simplement consommer passivement.
Menée en Corée du Sud auprès d’un échantillon assez atypique, composé majoritairement de femmes diplômées d’études supérieures âgées en moyenne de 52,5 ans, cette enquête révèle des corrélations subtiles. Le binge-watching serait ainsi paradoxalement lié à une diminution de la stabilité émotionnelle, suggérant que ceux qui ont tendance à ressentir plus d’anxiété ou de frustration pourraient chercher refuge dans ces marathons télévisuels. De même, un manque d’ouverture à l’expérience et un déficit du besoin de cognition sont associés à cette consommation intense, ce qui pose une question un brin ironique : le binge-watching serait-il aussi une fuite douce face à la réalité, un échappatoire à la complexité ?
Quelques points clés ressortent de cette étude :
- 📉 Une corrélation négative entre binge-watching et stabilité émotionnelle, ouvrant un miroir sur la gestion des émotions.
- 🚪 Un lien avec une faible ouverture à l’expérience, ce qui pourrait indiquer une préférence pour des récits connus, sécurisants.
- 🧠 Un déficit du besoin de cognition, caractérisant ceux qui ne cherchent pas forcément à approfondir ou déconstruire leurs loisirs.
En creusant dans ces données, on perçoit aussi pourquoi cette absorption pourrait, pour certains, se transformer en une manière de panser des blessures intérieures sans recourir aux mots ou aux échanges sociaux.

Comment les plateformes transforment notre rapport au temps et à la concentration
Il serait naïf de réduire le phénomène du binge-watching à une simple tendance passagère sans en saisir la dimension technologique. Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, OCS, Canal+ Séries, Salto, Apple TV+, myCanal, Shadowz, Molotov TV et d’autres, en multipliant l’accès à un nombre colossal de contenus, bouleversent notre manière de vivre le temps libre.
Ces plateformes ont toutes pour point commun de proposer un accès quasi instantané à une palette sans cesse renouvelée de séries, parfois entières, accessible à la demande. Ce modèle dématérialisé, par son ergonomie fluide et ses recommandations toujours plus pointues, crée un cadre presque hypnotique, où le « prochain épisode » n’est jamais très loin.
À ce sujet, un condensé des phénomènes observe ces éléments :
- ⏳ La disparition des frontières temporelles — on ne regarde plus à l’heure prévue de la télé, mais quand on le souhaite, jusqu’à plus soif.
- 📺 Le « auto-play » et la lecture automatique qui enlèvent tout frein conscient à l’arrêt, encourageant la consommation continue.
- 🎯 Les algorithmes de recommandation qui anticipent nos goûts et nourrissent une boucle sans fin de sollicitation émotionnelle.
- 🛋️ L’accès global confort grâce au mobile et aux écrans multiples, permettant le binge-watching à toute heure et partout.
Cette machine parfaitement huilée instaure un rapport au temps en apparence fluide, mais qui peut très vite absorber l’énergie cognitive et masquer le décompte de soi. Elle manifeste aussi une forme contemporaine de l’addiction sans substances, où l’enjeu est moins le produit que l’immersion continue dans une réalité parallèle.
Un regard historique : comment la consommation en continu a-t-elle évolué ?
Notre appétit pour les récits en continu n’est pas né avec Internet ni les plateformes modernes. Bien avant l’ère numérique, des pratiques culturelles immémoriales nourrissaient déjà un goût pour les histoires prolongées. Du conte oral hérité des sociétés anciennes aux feuilletons radiophoniques du XXe siècle, l’être humain a toujours cherché à s’immerger dans des intrigues se déployant sur le temps long.
Pourtant, le tournant décisif se situe bien avec l’arrivée du numérique et du streaming. Là où jadis il fallait attendre la diffusion hebdomadaire d’un épisode, s’imposait un rythme imposé devenu incontournable dans l’organisation sociale, aujourd’hui le pouvoir d’ingurgiter d’un coup parfois une quinzaine d’épisodes s’offre à tous.
Voici quelques étapes marquantes illustrant cette transformation :
- 📻 Le feuilleton radiophonique où le suspens s’entrelace au rendez-vous régulier.
- 📺 La télévision traditionnelle et ses rendez-vous hebdomadaires, rythmes codifiés par les chaînes.
- 🌐 L’avènement des plateformes de streaming et l’éclatement des rythmes classiques.
- 📱 Le visionnage dématérialisé à toute heure, confirmé par les usages en mobilité.
Ce changement invite à repenser notre rapport à la narration, jusqu’à la façon dont nous abordons notre temps personnel. Il n’est plus seulement question d’attendre, mais de s’armer en énergie pour une descente vertigineuse dans des univers intenses – quitte à en oublier parfois son environnement immédiat.

Les bienfaits insoupçonnés du binge-watching sur la santé mentale
Si le binge-watching est souvent associé à une pratique excessive et critiquée, certaines recherches récentes offrent une perspective moins attendue : il pourrait, dans certains cas, jouer un rôle thérapeutique ou apaisant.
Des études avancent l’idée que s’immerger intensément dans une série captivante peut procurer un sentiment de réconfort et de contrôle temporaire, une bulle propice à l’oubli des soucis immédiats. Cela pourrait notamment aider à gérer la détresse émotionnelle comme le stress, l’anxiété ou la colère, en offrant une forme d’échappatoire sécurisante.
Des bénéfices précis sont ainsi identifiés :
- 🛋️ Effet détente et relaxation après des journées éprouvantes, permettant de chasser la tension.
- ⚙️ Activation cognitive par l’attention focalisée sur une narration complexe, stimulant l’imagination.
- 💬 Création de liens sociaux à travers les discussions, partages et communautés autour des séries.
Cependant, ces effets positifs ne doivent pas masquer les risques. La clé pourrait résider dans la modération et la conscience de son usage. Le binge-watching comme moment choisi, pas subi, diffère fondamentalement de celui comme fuite compulsive.
Les risques sanitaires dissimulés derrière le plaisir immédiat
Au-delà des promesses de détente, le visionnage intensif de séries en continu soulève des interrogations réelles sur ses impacts à plus long terme. Un excès non maîtrisé peut entraîner plusieurs complications, tant physiques que psychologiques.
Parmi les conséquences néfastes relevées, on trouve :
- 🥪 Mauvaises habitudes alimentaires liées à la sédentarité et aux collations répétées, favorisant la prise de poids.
- 🛌 Troubles du sommeil perturbés par la surexposition aux écrans, où l’endormissement se fait plus laborieux.
- 🚷 Comportements antisociaux pouvant s’installer à cause de l’isolement prolongé derrière l’écran.
- 📉 Baisse des performances au travail ou à l’école due à la fatigue mentale et au manque de concentration.
Des études polonaises, entre autres, ont souligné que le manque de contrôle des impulsions est un facteur clé pour basculer dans des habitudes néfastes. S’interroger sur la relation émotionnelle que l’on entretient avec nos marathons télévisuels pourrait être le premier pas vers un usage plus équilibré.

Quand binge-watching rime avec addiction : déjouer le piège
Au tournant du plaisir et du trouble, le binge-watching peut parfois se confondre avec un comportement addictif, bien que la frontière soit délicate à discerner. Ce basculement renvoie à des mécanismes profonds liés à notre cerveau et à la manière dont nous gérons les émotions et le temps.
Prendre conscience des signes peut aider à ne pas glisser trop loin :
- ⚠️ Perte de contrôle — ne plus pouvoir s’arrêter malgré la volonté ou les conséquences.
- ⏰ Absorption temporelle importante au détriment d’autres activités essentielles.
- 😔 Isolement social — réduire les contacts pour rester seul devant l’écran.
- 🔥 Recherche compulsive de cette montée d’adrénaline ou d’émotion procurée par les séries.
Face à ces manifestations, il devient crucial de se demander ce qui sous-tend ce besoin irrépressible et quelles alternatives il serait possible d’envisager, au-delà du simple « arrêt ».
Comment la culture des séries façonne nos émotions et nos identités
Plus qu’un simple passe-temps, la consommation intense de séries construit et transforme une part importante de notre paysage émotionnel et identitaire. Les séries, qu’elles soient issues de plateformes comme Disney+, Salto ou encore Apple TV+, offrent des histoires, des univers et des personnages qui deviennent des repères presque tangibles pour les spectateurs.
Dans ce contexte, le binge-watching sert parfois à :
- 🎭 Explorer des émotions complexes par procuration, en s’immergeant dans des vies autres.
- 🔄 Renforcer un sentiment d’appartenance à travers les conversations et les fan communities.
- 🛡️ Construire des défenses émotionnelles en confrontant des thèmes difficiles à travers une fiction maîtrisée.
Un effet souvent méconnu est aussi celui de la scénarisation de soi, où chacun, par ses choix de séries, façonne une part de son image sociale et intime. Ce phénomène pourrait bien être une clé pour comprendre pourquoi cette habitude séduit autant, en mêlant divertissement et quête identitaire.

Vers une maîtrise consciente du visionnage : est-il possible de reprogrammer ses habitudes ?
Alors que se profile une réflexion collective sur le binge-watching, une question épineuse revient fréquemment : comment passer d’une consommation compulsive à une pratique choisie, consciente et équilibrée ? Serait-il envisageable de retrouver un juste milieu entre plaisir et contrôle ?
De pistes émergent aujourd’hui pour amorcer cette transition :
- 🧘 Développer une conscience du temps passé devant les écrans, à travers des outils ou un journal personnel.
- ✋ Instaurer des pauses délibérées entre épisodes pour relancer la réflexion et éviter la spirale automatique.
- 🔄 Changer ses rituels : privilégier le visionnage collectif ou partager ses impressions, pour Être acteur plutôt que spectateur isolé.
- 📚 Choisir des séries encourageant la réflexion et le débat, qui nourrissent réellement le besoin de cognition.
Ces approches réclament non seulement une forme d’attention à soi, mais aussi un petit pas vers un nouveau regard, moins passif, davantage éveillé, sur ce que nous absorbons culturellement.
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