Chacun a déjà entendu, dans une conversation, à la radio ou même dans un discours public, cette expression qui semble pourtant trahir une erreur évidente : « au jour d’aujourd’hui ». Pourquoi, malgré son emploi récurrent, cette expression continue-t-elle de faire débat ? Plus qu’un simple tic de langage, elle soulève une question profonde autour de la langue française, de sa richesse, de ses évolutions, mais aussi de ses « fautes » supposées. En pleine ère où la rigueur grammaticale côtoie la liberté d’usage, comprendre ce qui se cache derrière cette expression est un vrai défi. Que révèle-t-elle sur notre rapport à la langue, à l’exactitude, et même au temps ?
« Au jour d’aujourd’hui » : décoder une redondance qui interroge la grammaire
À première vue, la locution « au jour d’aujourd’hui » semble simplement vouloir insister sur le moment présent. Pourtant, du point de vue de la langue française, elle constitue un pléonasme, c’est-à-dire une redondance inutile où plusieurs mots expriment la même idée temporelle.
Cette redondance provient de la structure même du mot « aujourd’hui ». Historiquement, ce mot est le résultat de la fusion progressive des termes « au jour d’hui ». « Hui » vient du latin hodie, contraction de hoc die, signifiant « en ce jour ». Le mot « aujourd’hui » contient donc déjà en lui une répétition de l’idée temporelle « au jour ». Dès lors, ajouter « au jour d’ » devant « aujourd’hui » revient à dire « au jour du jour où l’on est », une triple redondance temporelle.
Cette particularité de la langue française n’est pas si rare. D’autres expressions comme « monter en haut » ou « descendre en bas » illustrent également ce penchant parfois inconscient à insister inutilement sur ce déjà acquis. Pourtant, ce phénomène dépasse largement la simple erreur formelle et soulève des questions sur la perception que nous avons des mots et de leur force.
- 📌 « Aujourd’hui » est déjà une expression temporelle complète.
- 📌 « Au jour d’aujourd’hui » ajoute une double répétition temporelle.
- 📌 Dans la grammaire traditionnelle, il s’agit d’un pléonasme évitable.
- 📌 Cependant, la langue vit aussi des usages populaires et expressifs.
Quand on se penche dessus, ce pléonasme déconcertant reflète la manière dont la grammaire se nourrit parfois de contradictions internes, avec des expressions considérées comme erronées d’un côté, mais qui continuent d’exister, voire d’enrichir le français courant, de l’autre. Explorer cette redondance invite donc à repenser le rôle de l’orthographe, des normes linguistiques et des usages en évolution.

Quelques nuances dans l’usage correct au quotidien
Le français, plus que toute autre langue, aime jouer avec ses complexités. Ainsi, malgré la nature pléonastique de « au jour d’aujourd’hui », cette expression n’est pas toujours perçue comme une véritable faute.
Par exemple, dans certains registres familiers ou oraux, elle peut servir à renforcer l’effet de l’énoncé, créer une emphase volontaire, voire introduire une forme de solennité emphatique. D’ailleurs, cette expression a même trouvé sa place sous la plume de célèbres écrivains comme Émile Zola ou George Sand, qui jouaient avec la langue pour captiver leur auditoire.
- 🎯 Elle est acceptée dans un registre expressif et familier.
- 🎯 Elle joue un rôle rhétorique pour attirer et retenir l’attention.
- 🎯 Utilisée dans un registre soutenu ou formel, elle devient maladroite.
- 🎯 Elle peut traduire un besoin psycholinguistique de renforcer le temps présent.
Cette complexité montre que la langue française est une entité fluide, oscillant entre les normes prescrites par la grammaire et les usages spontanés des locuteurs. Ce dilemme est fréquent, et il est toujours intéressant de voir comment certains termes, d’apparence erronée, survivent ou s’épanouissent dans le langage courant.
Histoire et origine de l’expression : pourquoi est-elle née ?
Pour comprendre l’émergence et la persistance de « au jour d’aujourd’hui », il faut se plonger dans l’histoire de la langue et dans les subtilités qui ont façonné ce terme aujourd’hui presque anachronique.
Au Moyen Âge, les termes pour désigner le moment présent étaient souvent composés explicitement et formaient des locutions longues et imagées. L’expression « ce jour d’hui » ou « au jour d’hui » laissait place ainsi à une forme décomposée, soulignant le temps précisément. Progressivement, les mots se sont soudés pour donner « aujourd’hui », lexicalisation qui a simplifié la prononciation et l’écriture.
Depuis lors, dans le français courant, « aujourd’hui » est un adverbe reconnu, simple et précis. Néanmoins, certains locuteurs ont ressenti le besoin de souligner à nouveau cette précision en réintroduisant le terme « au jour » devant, d’où naît le pléonasme.
- 🕰️ À l’origine, « aujourd’hui » résultait de la forme « au jour d’hui ».
- 🕰️ L’évolution linguistique a progressivement lexicalisé l’expression.
- 🕰️ La redondance réintroduite témoigne d’une réminiscence historique.
- 🕰️ L’expression a été popularisée dans certains écrits littéraires du XIXe siècle.
Au-delà de la simple histoire, cette évolution traduit un besoin chez les locuteurs : celui d’amplifier le marquage temporel dans le discours, en particulier lorsqu’il s’agit de souligner un changement, une rupture ou une urgence. Ce réflexe révèle aussi notre rapport au temps précis et à la manière dont la langue peut s’en faire l’écho. L’étude de cette expression ouvre donc une fenêtre sur comment la langue s’adapte, se construit, et parfois, se complique volontairement.

Exemples littéraires d’un usage paradoxal
De nombreux grands auteurs du passé n’ont pas hésité à user de cette expression, parfois pour marquer un effet de style ou une éloquence particulière. Cet usage, plutôt ironique ou emphatique, révèle à quel point la langue française sait jongler avec ses propres règles.
- 📖 Émile Zola dans La Terre emploie « au jour d’aujourd’hui » pour imiter un langage populaire tout en insistant sur la réalité.
- 📖 Les frères Goncourt, dans leurs journaux, l’utilisent avec une pointe d’humour et d’ironie.
- 📖 George Sand, dans ses écrits politiques et sociaux, s’empare de cette expression pour souligner un moment important.
- 📖 D’autres écrivains comme Balzac ou Flaubert ont parfois joué avec ce type de redondance pour des raisons rhétoriques.
Ces références littéraires nous rappellent que la langue n’est pas figée et que parfois, ce que la norme rejette dans l’absolu peut devenir un outil expressif, un levier de communication. Cette ambivalence rend la remise en question des règles orthographiques d’autant plus passionnante.
Les raisons psycholinguistiques et sociales derrière cette redondance temporelle
Au-delà de la grammaire stricte, il s’avère que ce type d’expression traduit des mécanismes psycholinguistiques bien connus. En réalité, nombreuses sont les langues à développer spontanément ces redondances temporelles pour pallier une sorte d’« usure » sémantique des adverbes.
Les locuteurs, en sentimentant que le mot « aujourd’hui » ne porte pas assez d’intensité, rajoutent un renfort, souvent inconscient, comme une forme d’assise dans le discours. Cette démarche a un impact sur la compréhension et la perception du message, traduite par une emphase renforcée sur le temps présent, parfois nécessaire dans certains contextes.
- 🧠 Sensation qu’« aujourd’hui » manque de force ou de relief.
- 🧠 Besoin intuitif de renforcer un adverbe neutralisé par l’usage.
- 🧠 Manifestation d’une sensibilité linguistique au fil du temps.
- 🧠 Cette redondance porte souvent sur des ruptures, passages ou transitions importantes.
Cet usage, d’apparence maladroite, fonctionne ainsi comme un signal dans la conversation ou le discours pour attirer l’attention de l’auditoire. Paradoxalement, c’est cette même lourdeur qui cristallise le rejet normatif, d’où le paradoxe entre norme et pratique.
On comprend que cette expression n’est donc pas qu’une faute à corriger, mais bien un témoignage de la vitalité et de la créativité langagière. Ce phénomène n’est pas unique au français. Par exemple, en anglais, on trouve « at this point in time » au lieu de « now », ou en allemand, « heutzutage » signifie littéralement « aux jours d’aujourd’hui », qui est lui-même une redondance.

Comment reconnaître et éviter les pléonasmes redondants au quotidien ?
Si le français est parfois indulgent, il reste important pour ceux qui souhaitent améliorer leur usage correct de la langue d’identifier et éviter ces expressions lourdes. Le pléonasme n’est jamais purement anodin, car il alourdit inutilement le style et peut desservir le message.
Réfléchir à l’origine des mots et à leur sens est une méthode efficace pour filtrer les répétitions intempestives. Voici quelques pistes pratiques :
- 🌟 Analyser les composantes des mots et leur étymologie.
- 🌟 Privilégier la simplicité pour une communication claire et élégante.
- 🌟 Recourir à des synonymes précisant mieux la nuance temporelle : « actuellement », « à présent », « désormais ».
- 🌟 Éviter l’accumulation d’expressions marquant la même notion.
- 🌟 Prendre conscience des registres sociaux et contextuels d’usage.
Un point crucial est de rester vigilant face aux tics et expressions courantes qui semblent anodins mais posent problème en écriture formelle. Le style, comme le registre, influencent beaucoup ce qui est toléré ou non.
- ✔️ Usage correct : « Aujourd’hui, le projet progresse. »
- ❌ Usage redondant : « Au jour d’aujourd’hui, le projet progresse. »
- ✔️ Variante acceptable dans un contexte familier: « Au jour d’aujourd’hui, je vous le dis franchement. »
Ce souci de clarté est aussi abordé dans d’autres domaines de la langue comme le choix entre « à peu près » et « un peu près » ou dans des structures syntaxiques plus complexes. Toutes ces nuances façonnent un usage correct et pertinent de la langue française.
Quand et comment la langue tolère-t-elle les erreurs apparentes ?
La langue n’est pas figée dans une armure immuable. Ce qui est perçu comme une faute un jour peut être adopté, parfois même célébré, un autre. L’expression « au jour d’aujourd’hui » illustre ce fait : elle est tolérée dans certains registres, critiquée dans d’autres.
En 2025, face à la diversité des médias et aux échanges rapides sur le web, cette dualité est plus flagrante que jamais. Le français courant, sujet à de multiples influences, est riche d’usages variés malgré les règles normatives.
Voici quelques contextes où ce pléonasme peut encore jouer un rôle :
- 📢 Dans le discours politique ou médiatique pour marquer un temps fort.
- 🎙️ Lors d’un discours oral destiné à capter l’attention.
- 📚 En littérature pour un effet stylistique délibéré.
- 👥 Dans des échanges familiers, assumant la lourdeur comme marque de style.
En revanche, dans les écrits professionnels ou académiques, on privilégiera la rigueur et l’économie de mots. Il est donc essentiel de comprendre la nuance entre faute stricte et licence expressive.
Une expression révélatrice des tensions entre normes linguistiques et langue vivante
« Au jour d’aujourd’hui » met en lumière un des enjeux majeurs du français moderne : la tension entre la norme stricte et les pratiques populaires. Cette expression, à la croisée des chemins du bon usage et du langage familier, soulève une réflexion plus large sur comment la langue française évolue.
Il est tentant de condamner cette ambiguïté mais il faut aussi reconnaître que la langue est d’abord un instrument vivant, façonné par ses locuteurs. Ce phénomène invite à envisager la langue comme un équilibre en mouvement perpétuel :
- ⚖️ Entre grammaire prescrite et liberté d’expression.
- ⚖️ Entre rigueur et créativité stylistique.
- ⚖️ Entre règles normatives et usages régionaux ou sociaux.
- ⚖️ Entre l’écrit et l’oral.
La richesse de cette expression réside dans sa capacité à déranger, étonner, voire questionner les utilisateurs eux-mêmes. Ce paradoxe linguistique est une mine pour quiconque souhaite comprendre les multiples facettes de la langue française aujourd’hui.
Cette dualité rappelle aussi que la rigueur grammaticale reste un idéal à atteindre mais que l’usage peut lui-même créer la norme, au fil du temps.
Pour un approfondissement sur les usages que la langue adopte parfois malgré eux, vous pouvez également consulter l’exploration sur les conventions et les écarts en français courant.

Quels synonymes éviter et lesquels privilégier pour parler du temps présent ?
Lorsque l’on souhaite exprimer la notion temporelle du moment présent, il est utile de choisir les mots avec finesse pour éviter toute confusion ou lourdeur. Si « au jour d’aujourd’hui » fait débat, d’autres expressions peuvent remplacer ce pléonasme avec plus d’élégance et de clarté.
Voici une liste d’alternatives recommandées, avec leurs nuances de sens :
- ⏳ Actuellement : insiste sur une situation temporaire ou évolutive.
- ⏳ À présent : légèrement plus formel, souligne la transition d’un moment.
- ⏳ Désormais : indique un changement définitif et souvent irréversible.
- ⏳ Maintenant : insiste sur l’instantané, le moment précis.
- ⏳ De nos jours : évoque une comparaison avec le passé plus lointain.
- ⏳ Ce jour ou Ce jour d’hui : tournure ancienne et plus spécifique.
En fonction du message que vous souhaitez transmettre, le choix de l’expression devra être précisément ajusté. Par exemple, pour un contexte professionnel, on privilégiera actuellement ou à présent, tandis que dans un discours plus formel, désormais peut affirmer une orientation nouvelle.
Souvent, le choix s’appuie sur des critères d’économie langagière et de simplicité tout en évitant de tomber dans l’excès.
Cette subtilité est un des nombreux défis auxquels le locuteur francophone est confronté, invitant chacun à interroger ses habitudes de langage et son rapport à l’orthographe. Pour d’autres questions d’usage délicat autour des expressions, vous pouvez consulter nos analyses comme celle sur l’expression « en bonne et due forme ».
Le reflet d’une langue en mouvement : l’évolution des normes linguistiques
En observant l’expression « au jour d’aujourd’hui », on touche du doigt l’un des phénomènes fondamentaux de l’évolution de la langue française. La tension entre l’usage spontané et la norme prescriptive crée un espace fertile où la langue se transforme.
La normalisation imposée par des institutions telles que l’Académie française vise à définir un cadre clair. Toutefois, la langue vivante s’émancipe souvent pour répondre à des besoins spécifiques de ses locuteurs – qu’ils soient sociaux, psychologiques ou culturels.
- 📈 L’enseignement normalise, souvent au détriment de la variation.
- 📈 Les médias et réseaux sociaux diffusent massivement des formes populaires.
- 📈 La littérature et l’art explorent les licences stylistiques et les créations.
- 📈 Le langage oral reflète les usages réels quotidiens.
Cette cohabitation provoque une dynamique parfois conflictuelle qui garde la langue vivante, pleine de nuances et de défis toujours renouvelés. L’expression « au jour d’aujourd’hui » se situe dans cette zone grise où langue, culture et société s’entrelacent.
Elle ne sera probablement jamais totalement bannie ni totalement acceptée, nous laissant ce goût stimulant de l’ambiguïté. Cette ambivalence linguistique est un témoignage précieux sur comment le français se construit au fil du temps, toujours en quête d’équilibre entre tradition et innovation.
Comment s’approprier la langue sans craindre le jugement sur des expressions controversées ?
Face au flot continu d’informations sur la grammaire et l’orthographe, il est naturel d’éprouver un brin d’appréhension à l’idée d’utiliser des expressions telles que « au jour d’aujourd’hui ». Pourtant, apprendre la langue, c’est aussi accueillir ses subtilités, ses paradoxes, et parfois ses imperfections.
Oser poser des questions ou éprouver le doute est un signe d’intelligence linguistique. Plutôt que d’éviter telle ou telle expression par peur d’être corrigé, il est bien plus constructif d’observer l’effet recherché, la situation de communication, et le public auquel on s’adresse.
Dans ce sens, le français vivant ne se limite pas à respecter strictement la norme, mais s’adapte et évolue dans chaque interaction sociale.
- 🎓 Interroger les règles sans les craindre.
- 🎓 Prendre conscience des différents registres et normes.
- 🎓 Expérimenter et observer les réactions à ses choix linguistiques.
- 🎓 Affiner sa langue comme un outil personnel et social.
Dans cette exploration, vous pouvez trouver utile de consulter des conseils pour progresser en français ou toute autre langue, notamment pour mieux comprendre quand et comment utiliser avec pertinence telle ou telle expression.
La langue est aussi un terrain de jeu et d’expression personnelle – découvrir ses contraintes donne aussi la clé pour, parfois, les dépasser.
Quelques pistes pour cultiver une relation sereine avec la langue
- 💡 Ne pas confondre la norme et l’usage courant.
- 💡 Comprendre la différence entre registre familier, courant et soutenu.
- 💡 Apprécier la richesse stylistique des pléonasmes maîtrisés.
- 💡 Ne pas craindre de poser des questions, comme celles auxquelles ce site apporte des réponses nuancées.
Au cœur de cette réflexion, la langue française continue, au fil de ses paradoxes, à fasciner, à interroger et à rassembler.
Questions courantes à propos de l’expression « au jour d’aujourd’hui »
- Est-ce vraiment une faute d’utiliser « au jour d’aujourd’hui » ?
Non, il ne s’agit pas d’une faute grave mais d’un pléonasme reconnu, généralement déconseillé dans les écrits formels. - Pourquoi les locuteurs continuent-ils d’utiliser cette expression ?
Elle répond souvent à un besoin d’emphase ou de renforcement temporel, surtout à l’oral ou dans un registre familier. - Quelles alternatives privilégier pour parler du présent sans pléonasme ?
On préfèrera des termes comme « aujourd’hui », « actuellement », « à présent », ou « désormais » selon le contexte. - Cette expression est-elle acceptée par l’Académie française ?
Elle est considérée comme familière et plaisante, tolérée dans certains contextes, mais déconseillée dans un langage formel. - Le pléonasme existe-t-il dans d’autres langues ?
Oui, beaucoup, comme l’anglais avec « at this point in time » ou l’allemand « heutzutage », ce qui suggère une tendance universelle à renforcer les marqueurs temporels.
Cliquez ICI pour répondre